Le deuil

Réaliser son deuil, c’est mettre en place les processus qui à la fois nous détachent de cette inclination, de la présence de l’autre, de toutes ces choses que nous avions construites avec le défunt, afin de tisser de nouveaux liens avec lui, au-delà de l’absence. Et chaque phase que nous vivons ne représente qu’une étape pour réapprendre à exister sans celle ou celui que nous aimions.

 

Le CHOC et le DÉNI surviennent à l’annonce du décès, notre esprit se trouve incapable de comprendre cette information qu’il se sent impuissant à gérer. Il est à noter, que cette phase intervient que la mort soit naturelle, accidentelle, ou due à une maladie.

 

La DOULEUR et la CULPABILITÉ font souvent place au déni. Cette étape difficile marque l’acceptation de la perte : nous prenons conscience que l’être aimé n’est plus. Entre l’affliction, les pleurs, s’immisce le sentiment que nous aurions dû, pu, faire mieux. Culpabilité et remords accompagnent la douleur, nous donnant la certitude que nous sommes responsables du trépas de l’être aimé.

 

La COLÈRE peut nous envahir, car nous ressentons de l’injustice face à cette perte. Elle peut se diriger contre le défunt, contre notre entourage ou contre nous-mêmes. Parfois, nous oscillerons dans une irascibilité portée tour à tour contre les uns, les autres, nous-mêmes, le monde.

 

Le MARCHANDAGE survient comme une étape nécessaire avec laquelle nous bâtissons d’impossibles « si ». « Si j’avais été plus souvent près de lui… », « Si je lui avais proposé mon aide… ». Reliés à notre culpabilité, ces questionnements vains nous servent à le dépasser.

 

La DÉPRESSION et la douleur signent l’acceptation du départ du défunt. Nous y perdons le goût de vivre, nous ne savons plus comment gérer cette douleur abyssale. Nous choisissons le plus souvent le repli social.

 

 L’ACCEPTATION nous permet alors d’accueillir cette réalité : vivre sans le disparu, mais autrement. Nous reprenons confiance en nous, en la vie.

 

La RECONSTRUCTION débute lorsque nous sommes prêts à revenir au monde. Lorsque nous cherchons de nouveau l’échange avec autrui, testons de nouvelles activités pour oublier la souffrance. Elle découle de l’acceptation. C’est également durant cette étape que nous bâtissons un lien intérieur avec la personne disparue.

 

 

 

 

Les mythes du deuil dans nos sociétés occidentales

 

Nos sociétés hyperactives comprennent ordinairement mal le deuil et tout ce qu’il implique; pourtant retravailler nos idées reçues est fondamental pour aider ceux qui le vivent, à se reconstruire.

 

Si le deuil est couramment comparé, voire confondu avec la dépression, il procède d’un enchaînement de phases naturelles face à la disparition d’un proche.

 

Souvent, nous confrontons à tort les stades qui jalonnent la perte d’un emploi, d’une maison, à la mort d’un être aimé. Pour autant, il réactive notre système d’attachement primaire, il n’y a donc aucune équivalence possible même si les étapes se répondent en similarités : le travail du deuil se révèlera toujours plus profond, car il nous interroge aussi sur notre propre finitude.

 

Réaliser notre deuil n’est pas seulement faire celui de la personne, il implique d’accomplir le deuil de toute une relation, des espoirs fondés sur celle-ci. Tout cela demande, non pas du temps, mais une introspection que nous éprouvons chacun à notre rythme et à notre façon. Il n’atteint pas uniquement notre psyché, mais également notre corps et nos rapports aux autres. Le deuil impacte l’endeuillé dans sa globalité.

 

Enfin, chaque membre de la famille possède un attachement différent au défunt, il faut donc nous souvenir qu’il sera perçu et vécu diversement par chacun et le laisser aller à son rythme pour revenir au monde.